
07/02/2019 par LC Expert immobilier - Expert en évaluations immobilières 12 Commentaires
Le droit à l'antenne du locataire
La loi n° 66-457 du 2 juillet 1966 a institué un droit à l'antenne : « Le propriétaire d'un immeuble ne peut, nonobstant toute convention contraire, même antérieurement conclue, s'opposer, sans motif sérieux et légitime à l'installation, à l'entretien ou au remplacement ainsi qu'au raccordement au réseau interne à l'immeuble, aux frais d'un ou plusieurs locataires ou occupant de bonne foi, que ces derniers soient personnes physiques ou morales, d'une antenne extérieure réceptrice de radiodiffusion ou réceptrice et émettrice de télécommunication fixe » (article 1er, I)
Le décret du 28 décembre 1967 fixe une procédure spécifique que le locataire doit respecter, avant d'installer (ou de remplacer) une antenne individuelle, une parabole ou de se raccorder à un réseau câblé, en informer le propriétaire par lettre recommandée avec AR. Une description détaillée des travaux à entreprendre est jointe à cette notification, assortie s'il y a lieu d'un plan ou d'un schéma. Le locataire doit également indiquer la nature des programmes de radio ou de télévision dont la réception sera rendue possible grâce à cette antenne ou ce raccordement.Si l'immeuble est soumis au statut des immeubles en copropriété, la notification est faite au bailleur et au syndic.
La loi du 2 juillet 1966, qui est d'ordre public, prévaut sur les dispositions en matière de copropriété : ainsi, est dépourvue d'effet toute décision d'assemblée générale interdisant la pose en général des antennes paraboliques ou introduisant dans le règlement de copropriété des dispositions non conformes à la loi de 1966 (CA Paris, 23ème ch. A, 30 mai 2001). Ce droit à l'antenne s'impose donc aussi bien au propriétaire qu'à la copropriété. La loi de 1966 et le décret de 1967 prévoient seulement deux hypothèses permettant de s'opposer à la pose d'une antenne individuelle ou d'une parabole.
Tout d'abord, le propriétaire ou le syndicat des copropriétaires peut proposer le raccordement à une antenne collective ou à un réseau interne à l'immeuble. Toutefois, pour que cette proposition soit valable, l'antenne collective doit permettre au locataire de profiter des programmes que son antenne individuelle lui aurait permis de recevoir.
Si le propriétaire n'a pas effectué le raccordement dans le délai de trois mois à compter de la proposition de raccordement, le locataire pourra procéder à l'exécution des travaux qu'il a notifiés.
Ensuite, le propriétaire ou l'assemblée générale peut s'opposer pour un motif légitime et sérieux à la demande d'un locataire souhaitant installer une antenne particulière, le tribunal d'instance, saisi par le propriétaire ou le syndicat des copropriétaires, étant alors juge de la légitimité du refus.
Comme motif légitime et sérieux, le syndicat des copropriétaires invoque souvent l'atteinte que porterait l'antenne individuelle à l'esthétique de l'immeuble. Seulement, en pratique, ce motif est rarement retenu par les tribunaux. En effet, le motif invoqué doit être pertinent. Le syndicat des copropriétaires ne peut s'opposer à l'installation d'une antenne individuelle par un copropriétaire que dans la mesure où les autres copropriétaires pourraient justifier que cette installation constituerait une gêne ou une atteinte à l'esthétique de l'immeuble. Si le risque d'une dégradation esthétique peut être évité par un choix judicieux de l'emplacement de l'antenne, comme sur une toiture ou sur le sol d'un balcon de manière non visible, le motif tiré de l'esthétisme de l'immeuble sera alors rejeté par les juges. En dehors du pouvoir de s'opposer à l'installation d'une antenne individuelle pour un motif légitime et sérieux, l'assemblée générale peut également subordonner l'installation d'une antenne individuelle à certaines conditions techniques destinées à assurer l'intégrité des parties communes de l'immeuble si, bien entendu, les travaux envisagés affectent les parties communes.
Si le droit à l'antenne s'impose au propriétaire bailleur et à la copropriété, le locataire ne peut installer une antenne individuelle ou une parabole sans en avoir préalablement informé le propriétaire et le syndic. Dans les trois mois qui suivent la réception de la demande, le propriétaire ou le syndicat peut soit proposer une offre de raccordement à une antenne collective si l'offre de programmes est équivalente à celle souhaitée par le locataire, soit s'opposer à ladite installation en saisissant le tribunal d'instance pour un motif légitime et sérieux. Dans ce dernier cas, il ne peut pas invoquer l'atteinte que porterait l'antenne individuelle à l'esthétique de l'immeuble si celle-ci est posée de manière non visible (par exemple, sur la toiture de l'immeuble ou sur le sol du balcon en retrait). Par ailleurs, l'assemblée générale peut valablement subordonner l'installation d'une antenne particulière à certaines conditions techniques auxquelles le demandeur devra se soumettre. Enfin, la pose d'une antenne, et notamment d'une parabole, doit se faire dans le respect des règles du droit de l'urbanisme.
Dans le cadre d’un bail d’habitation, la charge de la pose et de l’entretien d’une antenne de télévision n’incombe pas aux mêmes personnes suivant que l’immeuble loué est un immeuble collectif ou un logement individuel.
Lorsque l’antenne a été installée dans un logement individuel sans copropriété, il faut envisager deux hypothèses :
- si la présence de l’antenne était déjà spécifiée lors de la signature du bail d’habitation ou sur l’état des lieux d’entrée, c’est le bailleur qui doit prendre à sa charge tous les frais d’entretien de cette installation (article 6 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989) ; il ne peut en aucun cas répercuter ce type de charge sur le locataire car le décret N° 87-713 du 26 août 1987 ne vise pas les frais d’entretien d’antenne parmi les charges récupérables ;
- si la présence de l’antenne n’est pas spécifiée dans le bail d’habitation ou sur l’état des lieux d’entrée, il appartient au locataire qui a sollicité la mise en place d’une antenne d’en supporter les frais d’installation et d’entretien.
Lorsque l’antenne a été installée dans un immeuble collectif et bénéficie à plusieurs logements (antenne collective), c’est au bailleur ou au syndicat de copropriétaires (représenté par le syndic) de financer les frais de pose et d’entretien de cette antenne.
Le coût de la pose ou de l’entretien n’est récupérable que sur les locataires qui ont accepté le raccordement à cette antenne (article 2 de la loi n° 66-457 du 2 juillet 1966 et article 3 du décret n° 67-1171 du 22 décembre 1967). En conséquence la récupération de la dépense n’est pas possible sur un locataire qui a refusé le raccordement à l’antenne collective (Cour de cassation, 3ème chambre civile, 29 janvier 2002, pourvoi n° 99-17042).
En ce qui concerne les modalités de modification ou de remplacement des d’antennes aujourd’hui inadaptées à la réception des signaux numériques la loi du 10 juillet 1965 à été modifiée par la loi du 5 mars 2009 n°2009-258 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de télévision .Ainsi l’article 24-3 de la loi du 10 juillet 1965 oblige les copropriétés à inscrire cette question d’adaptation de l’antenne collective à l’ordre du jour de l’assemblée générale avant la fin de la mise en œuvre dans la commune du schéma national d’arrêt de la diffusion analogique et de basculement vers le numérique. Les règles de vote des décisions des copropriétaires sont désormais assouplies. Les décisions d’adaptation des antennes collectives sont prises à la majorité des voix exprimées des copropriétaires présents ou représentés. (voir rép min JO 26/04/2011 p 4246 ;inf rap copr juin 2011 p 31).
Précédemment à la loi Alur du 24 mars 2014, l’article 3-2 de la loi du 6 juillet 1989 obligeait le bailleur à annexer au bail une information sur la possibilité ou non de recevoir les services de télévision dans l'immeuble par voie hertzienne et si l’installation interne de l’immeuble permet ou non l'accès aux services nationaux en clair de télévision par voie hertzienne terrestre en mode numérique (TNT) ou s'il faut s'adresser au distributeur de services pour bénéficier du « service antenne » numérique.
Désormais, l’article 3-5° de la loi du 6 juillet 1989 impose seulement au bailleur d’énumérer les équipements d’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC).
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) énonce que les TIC se composent de trois éléments : matériel informatique (ordinateurs et accessoires), équipement de communication et logiciel permettant la communication et l’échange d’information.
Sources : Télévision et TNT : le droit à l'antenne en copropriété (baticopro.com)..
Droit à l’antenne (lefigaro.fr)
Le locataire a droit à l'antenne, le bailleur à l'information | SVP
Le "droit à l’antenne" et ses notions satellitaires | L'Union sociale pour l'habitat (union-habitat.org)
Le 4 janvier 2018
Commentaires
21/11/2020 par Abbotts Véronique
Bonjour, Il y a une antenne râteau dans les combles... Mais celle ci n'est pas d'actualité... Je suis locataire et depuis deux mois le bailleur me disait de ne pas m'inquiéter, qu'il allait faire poser une antenne satellite... Et hier il m'annonce que ceci est a mes frais...! Le bailleur peut il louer un bien sans antenne...?
22/11/2020 par fab
Bonjour, Tout est indiqué dans l'article, je ne peux vous éclairer plus car tout dépend de savoir si vous logez dans une copropriété ou un logement individuel.
03/01/2021 par Fabien
Bonjour Je suis propriétaire d un appartement en rdc dans un immeuble de 6 étages à Toulon 83. L immeuble est équipé d une antenne collective sur le toit, pour la réception de la Tnt par tous les copropriétaires. Mon locataire m à signalé que la tnt ne marchait plus dans mon appartement. Un antenniste est venu et a constaté qu il n y avait plus aucun signal dans mes prises d antenne. Il est monté sur le toit de l immeuble et a constaté que le câble d antenne situé entre mon appartement et l antenne collective était abîmé et qu il fallait en tirer un autre. Qui dois financer les travaux de réparations ? Moi ou la copropriété ? Si ces travaux doivent être pris en charge par la copropriété (droit d antenne), la copropriété peut elle s y opposer lors d une assemblée générale ? Ou est elle obligée de les faire réaliser au frais des copropriétaires,? puisque ces travaux ne toucheront que les parties communes. Merci pour votre réponse.
04/01/2021 par fab
Bonjour, S’il s’agit d’une antenne collective dont l’installation a été votée par l’assemblée générale des copropriétaires, son coût et son entretien sont pris en charge par la copropriété et répercuté dans les charges. Cordialement
07/04/2022 par lebrun
Bonjour, Nous avons un problème de dégâts des eaux avec une antenne qui à été installée avant la constitution de la copropriété et qui est utilisé par un seul des copropriétaires. Qui doit payer les travaux de réparation ou de remplacement de l'antenne ???
08/04/2022 par fab
Bonjour, L'antenne est-elle considérée comme une partie commune ou une partie privative dans le règlement de copropriété ? Selon le cas, c'est l'assurance du copropriétaire ou celle de la copropriété qui prendra en charge les dégâts . Cordialement
05/08/2022 par AUDREY
Bonjour, Je suis en appartement, je bénéficie de la TV dans mon salon mais pas dans ma chambre. Un professionnel est passé et m'a indiqué que la prise TV de la chambre n'a pas été câblée à l'origine et qu'il faut le faire. Le propriétaire ne veut pas faire ce câblage. A qui incombe ces frais? Merci
06/08/2022 par fab
Bonjour, Vous bénéficiez de votre droit à l'antenne, et rien n'est stipulé quand au nombre de pièces devant être desservies, les travaux sont à mon avis à votre charge (à confirmer avec l'ADIL) attention selon les travaux devant être effectués, une autorisation de la copropriété peut être indispensable. En tout état de cause : Article 2 Le propriétaire qui a installé à ses frais une antenne collective ou un réseau interne à l'immeuble fournissant un service collectif est fondé à demander à chaque usager acceptant de se raccorder à cette antenne collective ou à ce réseau interne, à titre de frais de branchement et d'utilisation, une quote-part des dépenses d'installation, d'entretien et de remplacement. Cordialement
28/11/2022 par Valenti
ma television ne fonctionne plus agence des propriétaires me fat parvenir un électricien la panne était a extérieur il refuse de régler la facture et me sorte le décret article2 de la loi numéro66-457 du 2 juillet 1967 cette loi a été modifiéé par la loi du 5 mars numéro 2009-258 je fait quoi
29/11/2022 par fab
Lorsque l’antenne a été installée dans un logement individuel sans copropriété, il faut envisager deux hypothèses : - si la présence de l’antenne était déjà spécifiée lors de la signature du bail d’habitation ou sur l’état des lieux d’entrée, c’est le bailleur qui doit prendre à sa charge tous les frais d’entretien de cette installation (article 6 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989) ; il ne peut en aucun cas répercuter ce type de charge sur le locataire car le décret N° 87-713 du 26 août 1987 ne vise pas les frais d’entretien d’antenne parmi les charges récupérables ; - si la présence de l’antenne n’est pas spécifiée dans le bail d’habitation ou sur l’état des lieux d’entrée, il appartient au locataire qui a sollicité la mise en place d’une antenne d’en supporter les frais d’installation et d’entretien. Lorsque l’antenne a été installée dans un immeuble collectif et bénéficie à plusieurs logements (antenne collective), c’est au bailleur ou au syndicat de copropriétaires (représenté par le syndic) de financer les frais de pose et d’entretien de cette antenne. Le coût de la pose ou de l’entretien n’est récupérable que sur les locataires qui ont accepté le raccordement à cette antenne (article 2 de la loi n° 66-457 du 2 juillet 1966 et article 3 du décret n° 67-1171 du 22 décembre 1967). En conséquence la récupération de la dépense n’est pas possible sur un locataire qui a refusé le raccordement à l’antenne collective (Cour de cassation, 3ème chambre civile, 29 janvier 2002, pourvoi n° 99-17042).
12/02/2023 par Stephane MARTIN
Bonjour, je suis locataire d'une maison dans un lotissement, je suis sur une antenne collective, mon propriétaire se trouve être la mairie, ce dernier veut faire démonter l'antenne car il ne trouve personne pour faire l'entretien de cette dernière, elle est mentionné sur mon bail et veux faire rectifier ce dernier par rapport à l'antenne, ai-je un recours. Cordialement
14/02/2023 par fab
Bonjour, La loi n° 66-457 du 2 juillet 1966 a institué un droit à l'antenne : « Le propriétaire d'un immeuble ne peut, nonobstant toute convention contraire, même antérieurement conclue, s'opposer, sans motif sérieux et légitime à l'installation, à l'entretien ou au remplacement ainsi qu'au raccordement au réseau interne à l'immeuble, aux frais d'un ou plusieurs locataires ou occupant de bonne foi, que ces derniers soient personnes physiques ou morales, d'une antenne extérieure réceptrice de radiodiffusion ou réceptrice et émettrice de télécommunication fixe » (article 1er, I) La seule possibilité d’un remplacement de l’antenne collective est soit par un réseau interne raccordé au réseau câblé urbain, soit en laissant la possibilité, par tout occupant de bonne foi, de pouvoir installer une antenne individuelle. En l’absence de ces deux autres solutions de raccordement par l’occupant de bonne foi (réseau câblé ou antenne individuelle), l’antenne collective ne peut être supprimée. À toutes fins utiles, il convient de rappeler que les dépenses d’installation, d’entretien et de remplacement d’une antenne collective sont récupérables sur les locataires. La procédure est comparable lorsque c’est un copropriétaire qui invoque le droit à l’antenne. Cordialement
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